LA MUSIQUE COMME VECTEUR DE DIALOGUE ENTRE LES CULTURES , SESSION C

Feb 18, 2016 | Publications

Session C : Comment la musique concourt-elle à la communication (salle VII)?

Président : M. Lupwishi Mbuyamba

Modération : Mme Teresa Wagner

Rapporteur : M. Bernard Jacquot

La Session (C) avait pour mission de se pencher sur le rôle de la musique pour promouvoir la communication.

            A cet effet, les débats ont été centrés sur trois thèmes de discussion :

Les effets de l’expérience musicale
La musique comme vecteur de la communication
La musique et le dialogue interculturel

Sur le premier thème à savoir l’expérience musicale, les participants ont entendu un exposé sur les effets de l’expérience musicale. Phénomène fondamentalement humain, la musique se présente sous diverses formes, dans divers contextes, manifestant de son pouvoir à la fois sur l’homme et sur la société qui lui imprime son originalité, sans pour autant la fermer aux apports extérieurs. L’apport des technologies nouvelles, comme les effets de la mondialisation, représentent un véritable défi face à la diversité des cultures.

La deuxième présentation sur ce thème à porté sur une expérience de terrain, initiée au Moyen-Orient et dont l’objectif est d’amener les jeunes de sept pays – pour commencer – provenant de milieux culturels divers, à l’information et à la formation à la musique. L’objectif global est de faciliter, par les effets en particulier thérapeutiques de la musique, un dialogue des peuples dont la région concernée a grandement besoin.

La deuxième série de discussions, qui portait sur la musique comme vecteur de communication, a été ponctuée par deux interventions. La première était intitulée « La musique, un langage multiculturel et universel ».  En parlant de la musique comme langage, il est apparu que l’on devrait reconnaître à la musique son pouvoir d’expression dans un langage particulier. Il s’agit, au moment où se pose la question de la communication entre les cultures, d’interroger ce langage à partir des opportunités qu’il offre de découvrir les pistes d’harmonisation de dialogue. La deuxième communication portait sur le paradoxe apparent entre la musique électroacoustique et l’expression des identités. Le rôle de la technologie comme moyen de préservation et de présentation des musiques particulières a été souligné et distingué des effets de la globalisation et de la standardisation. Il a été souhaité que des études approfondies puissent être menées sur un recours rationnel aux technologies nouvelles, aussi bien dans la création que dans la transmission.

La troisième discussion a porté sur la musique et le dialogue interculturel. Les présentations ont porté respectivement sur les langues véhiculaires musicales, l’harmonisation des différences et les systèmes socioculturels. La question a été débattue des musiques globalisées et du vide culturel qu’elles pourraient provoquer. On a noté l’importance de promouvoir les échanges accompagnés de séances d’explication sur le contexte dans lequel la musique est produite, tout en essayant d’esseuler les dénominateurs communs entre les traditions musicales et la nécessité de décanter les systèmes socioculturels pour la bonne compréhension de la musique par les autres cultures.

Principaux thèmes de réflexion abordés

Le pouvoir de la musique

La musique est bien un facteur de promotion du dialogue interculturel. Elle permet aux hommes de se rapprocher dans les situations de situations de conflit ou de post-conflit et peut également jouer un rôle thérapeutique. La musique est également un facteur identitaire et peut permettre de promouvoir la lutte contre le racisme et la tolérance. Le dialogue interculturel par la musique, doit être promu par des rencontres non seulement au niveau international, mais également régional, national, voire local.

Education musicale 

L’enseignement de la musique est important dans le milieu scolaire. Il permet de donner plus tard à l’homme une dimension humaniste. Le musicien ne doit pas considérer la musique comme une simple technique, liée à un salaire et à la compétition, mais comme un moyen de promouvoir les rencontres interculturelles et de s’engager dans une mission humanitaire.

Une meilleure représentativité des différents genres musicaux

Certes, la musique est un facteur de rapprochement. Mais lorsque l’on parle de « la » musique, encore faudrait-il préciser de quelle musique il s’agit. Plusieurs genres musicaux ont en effet été évoqués: la musique occidentale dite « classique », les musiques autochtones, la musique électroacoustique, la musique amateur et la musique professionnelle, la musique notée et la musique improvisée. Cette dernière a été mentionnée, en raison de son caractère spontané, comme un facteur important pour promouvoir le dialogue interculturel et la compréhension. Aussi, dans les échanges musicaux, conviendrait-il d’avoir une meilleure représentation des différents genres musicaux et mettre toutes les cultures sur un pied d’égalité.

Musique et universalité

Certes, la musique est un facteur de promotion du dialogue interculturel. Cependant, est-elle réellement universelle ? Il n’est pas toujours facile, en effet, de comprendre les musiques d’autres espaces culturels et les participants ont, à ce sujet, mentionné l’existence de « dialectes musicaux » et la nécessité parfois de trouver des clés pour décoder d’autres formes musicales. L’étude de formes musicales variées peut donc permettre de promouvoir le dialogue interculturel et apprendre aux jeunes la tolérance et l’ouverture.

Pistes pour l’avenir

Promouvoir une meilleure connaissance réciproque des différentes cultures. Pour cela : effectuer/poursuivre l’inventaire l’étude et la diffusion des œuvres significatives de la musique mondiale. Créer des collections sonores représentatives ; Créer des structures ouvertes aux différentes traditions, éditer des manuels et guides méthodologiques pour l’initiation aux chefs d’œuvre dans l’enseignement public général. 

Adopter une législation qui vise la protection des œuvres, des créateurs et des interprètes et le respect de leurs droits individuels ou collectifs ; la sensibilisation des pouvoirs publics dans les collectivités locales à leurs obligations de programmer et de promouvoir les richesses et les trésors de leurs circonscriptions.

Que les Etats inscrivent la musique  dans les programmes scolaires, les accords de coopération ; importance pour l’UNESCO de considérer l’éducation musicale interculturelle comme une base solide de promotion du dialogue interculturel et privilégier dans l’enseignement musical une dimension humaniste et humanitaire ; Encourager dans l’éducation, l’étude de formes musicales variées afin d’apprendre aux jeunes la tolérance et l’ouverture. Il conviendra également de mener des études approfondies sur un recours rationnel aux technologies nouvelles, aussi bien dans la création que dans la transmission.

C’est dans la connaissance réciproque des productions, le respect égalitaire des traditions qu’un dialogue fructueux peut s’établir entre les cultures, entre les peuples. Il convient donc de promouvoir, dans l’étude et la pratique de la musique, une meilleure représentation des différents genres musicaux et traditions musicales, favoriser l’inter-culturalité dans les stages musicaux et organiser des échanges afin de mieux comprendre les particularités de chaque culture. Cependant, le dialogue interculturel par la musique doit être promu par des rencontres non seulement au niveau international, mais également régional, national, voire local.