LA MUSIQUE COMME VECTEUR DE DIALOGUE ENTRE LES CULTURES ,SESSION A

Feb 18, 2016 | Publications

26 novembre 2007
Maison de l’UNESCO

Session A : « La dynamique de la musique et les expressions culturelles »

(issu du discours de la présidente, Mme Scheherazade Hassan)

President: Mme Scheherazade Hassan

Mediator: Mr Fernando Brugman

Rapporteur: Mr David Stehl

Les débats de ce groupe se sont situés en générale, mais pas exclusivement, dans une perspective de recherche ethnomusicologique. Ils sont le reflet de points de vue exprimés aussi bien par des chercheurs que par des représentants de traditions musicales.

À l’image des exposés présentés, il a été souligné que l’expérience du terrain fait ressentir que la transmission musicale par voie orale et aurale est aussi parfois accompagnée par l’écrit ; il s’agit d’un processus global qui, en prenant l’exemple de la musique du pinpeat au Cambodge (formation instrumentale qui accompagne, entre autres, le Ballet Royal du Cambodge) présenté par Stéphanie Khoury[1], rend compte du rôle de l’histoire. Cet exemple cambodgien prend en compte les changements sociaux, politiques, économiques et religieux vécus par ce pays, pour se demander si on peut parler ou non d’un affaiblissement du répertoire de la musique de pinpeat, touchant ainsi à sa viabilité.

Le débat sur le deuxième thème traitait de la relation entre une communauté et son patrimoine d’une part et les agents extérieurs à la communauté d’autre part. La présentation d’Emmanuelle Perrone, membre de l’ANCT (Association Nationale Culture et Tradition), sur la communauté tzigane de la ville de Gannat (Auvergne) où des workshops ont été organisés par l’ONG, a servi de point de départ pour la discussion. Le groupe a ainsi pu connaître cette initiative visant à promouvoir la culture tzigane, en invitant par exemple des musiciens tziganes venus d’Europe de l’Est qui proposent des activités auprès des enfants de la communauté. Cette présentation a été suivie d’une discussion sur les problèmes liés à ce type d’intervention.

Le troisième thème portait sur la diversité culturelle à l’intérieur de traditions musicales.  Ce thème a été illustré à partir d’un exposé de Scheherazade Hassan sur le Maqam iraquien, montrant cette tradition musicale comme un modèle inclusif (inclusiveness), comprenant une structure musicale commune aux différentes populations d’Iraq, qui permet un dialogue interculturel entre les différentes communautés. De ce fait, le modèle du Maqam iraquien est finalement une musique « supranationale » et locale à la fois. Dans cette même perspective, Anne Caufriez[2] a présenté un répertoire de chansons originaires du Portugal appelées Romanceros, introduites au 16e siècle, par les colons portugais au Brésil, notamment dans la région du Nordeste. Tout en gardant la même structure, ces chansons ont subi des transformations dues au nouveau contexte brésilien, par exemple au niveau de leur thématique et de leur mode d’exécution. Elles sont le témoignage aujourd’hui d’un syncrétisme culturel.   

Faisant suite aux différentes présentations, la dernière partie de la séance à porté sur le phénomène des Festivals. Suite à l’intervention de Jean Roche du CIOFF (Conseil international des organisations de festivals de folklore et d’arts traditionnels), un vif débat à eu lieu entre les différents intervenants sur les enjeux de la sauvegarde et de la transmission musicale dans ces « nouveaux » phénomènes de promotion musicale. Le groupe s’est fortement exprimé en faveur de recherches plus approfondies qui devraient être faites pour analyser les risques et les avantages possibles de telles manifestations.

[1] Université Paris X-Nanterre, laboratoire d’ethnomusicologie.

[2] European Society for Ethnomusicology (Présidente)